Guide d'usage des pistolets vibreurs dits "pickguns" électriques

Préambule

Je vous dévoile ici des petits secrets que certains ne voudraient pas voir dévoilés publiquement puisqu’ils ont mis longtemps à les acquérir, sachez rester discrets et ne les partagez qu’à des personnes de confiance.

Je suis parti du constat qu’il n’y avait pas vraiment de notices explicatives avec ces outils et pas de guide complet d’utilisation.

J’œuvre depuis des années pour la promotion des bonnes pratiques du métier de serrurier (et des serrurières bien évidemment même si je resterai au masculin sur le reste du texte).

L’ouverture fine est malheureusement trop souvent négligée alors que c’est une technique de première intention, respectueuse des matériels et surtout des clients.

Le vibreur est un outil qui parait magique lorsqu’on assiste à une démonstration réussie de son utilisation. Mais le taux de réussite dépendra toujours de la main qui le tient.

Et pour augmenter encore son taux d’ouvertures je vous encourage vivement à travailler également les autres techniques d’ouverture fine que sont par exemple le crochetage, le bumping (clés à percussion) ou l’impression.

L’ouverture fine est un domaine passionnant et ne présente que des avantages.

-très peu de risques de détérioration des serrures

-risque réduit au maximum de déclenchement d’un dispositif de piégeage de la serrure (délateur)

-non utilisation ou usure de consommables

-discrétion

-propreté

-pas de risque de casse de vis de traction ou fraises dans le cylindre

-conservation de la serrure qui ne nécessite pas forcément d’être remplacée

Principes de fonctionnement d’un vibreur.

Il est composé d’un tube en métal contenant principalement les batteries, un moteur, un axe excentrique, d’un porte lame équipé d’un roulement à bille en bout qui a un mouvement de bascule à chaque passage de l’excentrique contre lui et dont le débattement est réglable par une vis, d’un ressort qui ramène le porte lame dans sa position de base, d’une aiguille (ou lame) et d’un interrupteur poussoir pour actionner le tout.

Chaque mouvement de la lame est appelé une frappe. On utilise ici le principe d’ouverture par percussion.

On place l’entraîneur et on applique une tension légère.

On introduit la lame dans l’ève et on la positionne au dessus des goupilles puis on démarre l’outil.

Lorsque la lame tape le dessus des goupilles, par effet de boules de billard, ce sont les contre-goupilles qui vont être chassées au fond de leur puits.

Les nombreuses frappent créent également des mouvements de goupilles aléatoires qui peuvent créer la bonne combinaison par hasard.

Enfin, comme on exploite des jeux mécaniques, les goupilles peuvent se placer petit à petit en quelques vibrations.

L’ouverture survient lorsque toutes les goupilles restent en place dans le rotor et que toutes les goupilles sont chassées vers le bas dans le stator.

Comme le rotor est mis en tension dans le sens horaire ou anti-horaire, si la ligne de césure est libérée, il va basculer et rester en position tournée.

Voir lexique en fin d’article.

Les vibreurs du marché

Tous les vibreurs permettent d’ouvrir des cylindres, même ceux fabriqués en chine et vendus à des tarifs ridicules. Pour un usage pro on préférera des fabricants plus sérieux. Le coût d’un bon vibreur est rapidement amorti car crocheter une serrure prends souvent moins de temps que de la percer et ne nécessite pas d’user des fraises ou des vis de traction.

Les entraîneurs

C’est l’autre outil indispensable. Il va mettre le rotor en tension et une fois la bonne combinaison trouvée, le laisser en position crocheté. Il en existe de beaucoup de formes. On peut les modifier ou les fabriquer sois même. On peut même avoir des entraîneurs sur-mesure dédiés à certains modèles de cylindres qu’on rencontre couramment. On applique toujours une tension très très légère pour commencer, ensuite on peut durcir un peu ou faire des tirettes plutôt qu’une pression constante.

Les lames

Il existe de nombreuses références mais privilégiez la rigidité avant tout. Une lame haute ou épaisse sera plus rigide mais ne conviendra pas à toutes les èves. Une fine sera plus polyvalent mais moins efficace car à haute vitesse de battement elle sera un peu molle. Fabriquée dans un acier plus rigide elle sera efficace mais plus cassante.

Il existe des lames qui ont la forme de picks de crochetage, je n’en vois pas l’intérêt.

Certaines sont tournées à 90° et sont plus ou moins larges afin de pouvoir ouvrir des cylindres radiaux.

Étapes d’une ouverture

On commence toujours par lubrifier le cylindre, même récent, à l’aide d’un lubrifiant spécifique ou d’un dégrippant léger. Le taux de réussite s’en trouve grandement amélioré. Si un jus noir sort d’un vieux cylindre c’est qu’il est très encrassé et il ne faut pas hésiter à en remettre.

Il faut également régler le débattement de l’aiguille. La lame a une position de repos et une position haute lors de chaque mouvement. Si on ne touche pas au réglage, en partie haute, l’aiguille va butter en haut du canal de clé. Ce n’est pas bien grave mais ça peut la casser au bout d’un moment.

La vis de réglage du vibreur permet de limiter son débattement vers le haut. Je préconise la plupart du temps d’avoir un mouvement d’environ 5mm en bout d’aiguille. A vous de modifier ce réglage en fonction de vos échecs et réussites.

On cherche ensuite la meilleure position possible pour l’entraîneur. Il ne doit pas gêner l’accès au dessus des goupilles, ni à un pick qui pourrait ensuite être utilisé pour terminer le crochetage.

La vibration aura tendance à déloger l’entraîneur de sa position de départ. L’entraînement pas le bas de l’ève avec un entraîneur cranté est l’option que j’utilise le plus. Il n’est souvent possible que dans un sens mais on verra plus tard que ce n’est pas un souci.

L’entraînement par le haut de l’ève est également très stable s’il ne gêne pas le passage et le débattement de l’aiguille. Il fonctionne parfois dans un sens et pas dans l’autre à cause de frottements sur le stator.

Il m’arrive également de me servir du canal de clé en face avant du rotor de certains modèles pour y coincer quelque chose ou du bout d’un pick de crochetage appuyé contre une saillie de l’ève. A partir du moment où on a un mouvement qui fera tourner le rotor c’est bon.

L’entraîneur dynamométrique est également très efficace et très polyvalent. Attention à ne pas coincer la première goupille avec.

A l’aide du bout de l’aiguille ou d’un pick on va commencer par faire un appui au fond du cylindre pour actionner l’embrayage. Il n’y a rien de plus rageant que d’arriver à crocheter un cylindre dont le rotor tourne dans le vide et qui oblige à recommencer l’ouverture.

Une fois positionné au dessus des goupilles et parallèlement à ces dernières on va démarrer le vibreur tout en actionnant l’entraîneur.

Si la forme de l’ève ne permet pas d’être bien au dessus des goupilles, frappez les en biais, c’est tout aussi efficace.

A ce moment là, l’action sur le vibreur est tout aussi important que sur l’entraîneur.

Chaque mouvement de l’aiguille va taper sur les goupilles et chasser les contre-goupilles un grand nombre de fois par minute. Chaque mouvement peut mettre en place la totalité des goupilles, seulement quelques unes ou en coincer trop loin dans leurs puits empêchant l’ouverture.

C’est là qu’il faut savoir agir plus ou moins fort sur l’entraîneur mais aussi le relâcher de temps en temps.

En effet, au bout de quelques secondes de vibration, si l’ouverture n’a pas eu lieu, c’est que des goupilles sont trop enfoncée. Relâcher l’entraîneur les fera alors remonter.

2 écoles pour la vibration. La mienne, laisser le vibreur tourner sans s’arrêter et jouer sur l’entraînement. L’autre, allumer, éteindre, allumer, éteindre, allumer, éteindre….. sans arrêt l’appareil. A mon avis ça use inutilement le moteur tandis qu’un régime constant moins.

Si tout va bien cette technique vous permet d’ouvrir en quelques secondes un grand nombre de cylindres mais certains peuvent résister encore.

Comment augmenter son taux d’ouvertures?

-changer le sens d’entraînement: Le crochetage mécanique ou manuel est l’exploitation des jeux de fonctionnement. Lorsqu’on agit sur l’entraîneur il y a toujours une goupille qui va se coincer avant les autres. En changeant le sens de rotation c’est une autre goupille qui va frotter et ça suffit parfois à changer la donne et permettre l’ouverture.

-Changer l’angle d’attaque de l’aiguille: De la même façon, incliner l’aiguille vers l’avant ou l’arrière va lui permettre de taper dans un ordre différent. Je pratique un mouvement de rocking, c’est à dire que je fais faire à la lame un mouvement de vague au dessus des goupilles.

-Avancer et reculer l’aiguille: Comme pour la variante précédente, reculer ou avancer l’aiguille peut changer l’ordre de placement de celles-ci et dans certains cas permettre à une goupille un peut trop sensible (dead-pin par exemple) de ne pas être activée et déclencher l’ouverture.

-Passer les goupilles anti-crochetage passives: Une des protections anti-crochetage les plus fréquente sont les goupilles passives en forme de bobines. Lorsqu’elles sont activées on obtient un décalage franc du rotor de quelques degrés puis plus rien. Il suffit alors de terminer leur crochetage avec un pick traditionnel. Pour celui qui sait crocheter, ces goupilles « anti-crochetage » portent très mal leur nom car une fois posé dessus le reste du crochetage s’en trouve au contraire facilité.

Autrement il faut relâcher l’entraîneur et recommencer. Parfois on peut se retrouver des dizaines de fois dans cette position et au bout d’un moment ça finit par marcher

-Passer les goupilles anti-crochetage actives: c’est le cas typique des cylindres Tesa TE5 et Vachette V5. Les contre-goupilles sont lisses et les goupilles sont pourvues d’une gorge qui crée de faux placements. Le vibreur a tendance à trop enfoncer les goupilles. Le technique la plus efficace est alors de procéder à de nombreuses tirettes sur l’entraîneur. Le mieux étant d’en utiliser un très fin coincé dans le haut de l’ève sur lequel on effectue des tirettes en le pinçant entre le pouce et l’index vers la gauche ou la droite. Chaque frappe est un peu différente de la précédente et on fini par ouvrir le cylindre à l’usure en comptant sur le côté aléatoire de chaque frappe. On applique également les changements de positions de l’aiguille comme expliqué ci-dessus.

-Les cylindres radiaux: on utilise les mêmes méthodes mais les résultats sont souvent moins bons car on a peu ou pas de jeu au dessus des goupilles. On utilise soit des aiguilles normales et on frappe le côté des têtes de goupilles, soit des lames spéciales ou qu’on vrille sois-même à 90°

-Ne pas s’occuper du sens d’ouverture: l’utilisation d’un plug-spinner, ou lance-rotor, vous permet de travailler dans le sens qui vous arrange ou qui veut bien fonctionner.

-Utiliser le crochetage inversé (reverse picking): quand le cylindre ne veut vraiment rien savoir il est possible que chaque frappe enfonce trop une ou des goupilles. On fait aller la lames quelques secondes puis on relâche très doucement l’entraîneur pour laisser les goupilles remonter très doucement. En remontant il arrive qu’elles se coincent sur la ligne de césure et permettent l’ouverture, illustration ultime que l’entraîneur est également un outil de crochetage.

 

Voilà, j’espère que ça vous sera utile. N’hésitez pas à partager vos expériences sur les réseaux dont vous trouverez les liens en bas de page.

Ce guide peut être utilisé par tout vendeur de pickgun ou de formations hormis SEF et FMSD. Toute reproduction sans cet avertissement pourra faire l’objet de poursuites.

LEXIQUE

Rotor: partie cylindrique tournante dans laquelle on introduit la clé

Stator: partie fixe du cylindre

Ouverture fine: toutes techniques permettant d’ouvrir un cylindre ou une serrure sans la clé

Ève: profil de l’ouverture dans laquelle entre la clé

Goupilles: petites cylindres en laiton au contact de la clé

Contre-goupilles: petits cylindres en laiton maintenus contre les goupilles par des ressorts

Puits de goupilles: perçages à travers le rotor et le stator recevant les goupilles, contre-goupilles, ressorts et bouchon

Deadpin: goupille de la plus grande taille possible (correspond à une clé taillée au plus profond) qui n’a pas besoin d’être enfoncée. Du coup la moindre sollicitation l’enfonce trop. Très efficace contre les techniques percussives.

Séparateurs: goupilles supplémentaires permettant d’augmenter le nombre de combinaison pour le même usage. Généralement plus facile à crocheter.

Césure: ligne entre le rotor et le stator qui est entravée dans sa rotation par les goupilles au repos. Une fois alignée par la clé ou une ouverture fine, la ligne de césure est libérée et permet la rotation.

Paneton: la pièce généralement noire au centre du cylindre qui va rentrer en connexion avec la serrure. Il peut avoir plusieurs formes.

Embrayage: pièce centrale entre les deux rotor qui permet l’entraînement du paneton. Il est poussé par la clé et active le paneton.

Lance-rotor ou plug-spinner: lame montée sur un puissant ressort qui permet de tourner très vite le rotor afin qu’il ne ne crochète pas au passage des goupilles. Ainsi on peut passer le deuxième tour ou revenir dans le sens de l’ouverture sans avoir à re-crocheter le cylindre.

Embrayage débrayable: embrayage sur ressort présent dans les cylindres à bouton ou des cylindres avec une fonction « secours » pouvant être ouverts même si une clé est présente de l’autre côté. En ouverture fine, il faut appuyer au fond du cylindre tout en tournant le rotor pour les activer.

Liens pour les passionnés: 
Les Mordus de serrurerie et de crochetage, un groupe Facebook de passionnés de serrures
Ma chaine YouTube
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Où acheter de l’outillage d’ouverture fine chez des vendeurs français et éthiques?

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Directeur de publication, Thierry Duriez, société TDS, Siret 50285965500024 2024-2025